LA COLLINE SAINT-SERGE
Association Culturelle de la colline Saint-Serge

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Le patrimoine religieux : l'école de Paris

En mars 1925, le métropolite Euloge a ouvert sur la colline Saint Serge une école de théologie permettant de prolonger l’enseignement de la théologie orthodoxe dorénavant interdit en Union soviétique ainsi que de former de futurs prêtres en vue d’un retour espéré en Russie et, dans l’immédiat, pour les besoins des communautés de l’émigration. La propriété de la rue de Crimée lui semblait le lieu idéal pour réaliser son projet. L’Institut de théologie ouvrit ses portes grâce à l’arrivée à Paris d’une pléiade d’intellectuels chrétiens chassés d’Union soviétique, parmi lesquels des théologiens, philosophes et historiens de renom. Les pièces du rez-de-chaussée, sous l’église, furent utilisées comme salles de classe (fonction qu’elles conservent aujourd’hui encore) et de dortoirs pour les premiers étudiants.

Dans le discours qu’il prononça, le métropolite Euloge exprima ainsi son intention quant à la mission de cet Institut : « Comme nous voudrions que se forme ici un foyer lumineux de l’Orthodoxie et qu’en ce lieu affluent tous ceux qui se sentent épuisés, à bout de force, comme accouraient jadis au monastère Saint-Serge ceux qui ployaient sous le joug tatare, pour y trouver une consolation et y puiser des forces spirituelles nouvelles ! ».

Pendant la plus grande partie du XXème siècle, l'Institut de Théologie Orthodoxe Saint Serge fut une pépinière de prêtres pour tous les continents. Des théologiens et des penseurs de qualité exceptionnelle y ont grandement contribué à l'élan contemporain au sein de l'Orthodoxie. On leur doit pour une bonne part le rôle assumé par l'Orthodoxie dans le mouvement oecuménique des Eglises. L'Institut, miraculeusement né en terre d'exil, n'a cessé d'opérer la relève du travail théologique au service de la renaissance religieuse russe. Dès le début, le métropolite Euloge s’assura la collaboration d’une équipe de professeurs, théologiens et penseurs religieux de renom. Parmi eux, l’archiprêtre Serge Boulgakov (+1944), auteur de nombreux ouvrages théologiques, les historiens Antoine Kartachev (+1961) et Georges Fedotov (+1948), les philosophes Boris Vycheslavtsev (+1950) et l’archiprêtre Basile Zenkovsky (+1962), l’archiprêtre Georges Florovsky (+1979), pionnier de la néopatristique orthodoxe et du mouvement œcuménique, l’archimandrite Cyprien Kern (+1960), patrologue et liturgiste, l’archiprêtre Nicolas Afanassieff, professeur de droit canonique, l’exégète néo-testamentaire Mgr Cassien Bézobrazov (+1965) et Léon Zander (+1964), autre pionnier du mouvement œcuménique. Tous ces noms restent un témoignage vivant de la science théologique et de la pensée religieuse ; leurs travaux ont largement contribué à faire connaître l’Orthodoxie au monde occidental.

Peu avant la Deuxième Guerre mondiale, l’Institut Saint-Serge reçut le droit de conférer les grades de maître et de docteur en théologie. Dès ses débuts, l’Institut prit une grande part au mouvement œcuménique naissant qui aboutit à la fondation du Conseil Œcuménique des Églises, avec lequel il reste en collaboration constante dans les domaines variés de ses activités. Depuis 1953, l’Institut organise annuellement une « Semaine d’Études Liturgiques » à laquelle participent de nombreux spécialistes de la science liturgique appartenant aux diverses confessions chrétiennes. Après le Concile de Vatican II, auquel l’Institut envoya des observateurs, les professeurs de Saint-Serge ont été invités à participer à l’enseignement de l’Institut Supérieur d’Études Œcuméniques de Paris (Institut Catholique de Paris). Destiné initialement à former des clercs orthodoxes pour les communautés russes de la diaspora, Saint-Serge est devenu une pépinière religieuse et spirituelle d’où sont sorties des centaines de prêtres, d’évêques et de théologiens, servant dans la plupart des pays où l’Orthodoxie est implantée.