LA COLLINE SAINT-SERGE
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Le métropolite Euloge (Guéorguiévsky)

Le métropolite Euloge

© Archevêché des églises de tradition russe en Europe occidentale

Après avoir achevé ses études secondaires à l’école ecclésiastique de Bélev et au séminaire de Toula (180 km au sud de Moscou), Basile Guéorguiévsky entra à l’Académie de théologie de Moscou. Ayant terminé l’Académie en 1892, Basile fut employé comme précepteur dans la famille Lopoukhine à Moscou. Six mois plus tard, en 1893, il obtenait le poste d’inspecteur adjoint de l’école diocésaine d’Efrémov (120 km au sud de Toula). Le 3 février 1895, à l’âge de 27 ans, il reçut la tonsure monastique sous le nom d’Euloge. Le 12 février il fut ordonné hiéromoine, puis nommé professeur de grec au séminaire de Toula. L’année suivante, il est nommé inspecteur au séminaire de Vladimir. Deux ans plus tard, en 1897, il est nommé recteur du séminaire de Kholm (Pologne sous domination russe). Enfin, le 12 janvier 1903, le hiéromoine Euloge est sacré évêque de Lublin, vicaire du diocèse de Kholm-Varsovie. En 1905, les vicariats de Lublin et Sedlets s’unirent en un seul diocèse, avec siège épiscopal à Kholm et avec l’évêque Euloge à sa tête.

En 1907, l’évêque Euloge fut élu député de la province de Kholm à la deuxième Douma de l’Empire, puis réélu à la troisième Douma. La tâche principale de Mgr Euloge consistait à obtenir un statut administratif pour la province de Kholm, ainsi que son intégration à la Russie. Cette tâche ayant été accomplie avec succès, Mgr Euloge fut élevé à la dignité d’archevêque en 1912. En juillet 1917, l’archevêque Euloge fut appelé à siéger à la conférence pré-conciliaire, et lorsque le Concile de l’Eglise russe fut ouvert le 15 août 1917, il fut élu président de la commission «Célébration, prédication et art liturgique». Après l’élection du patriarche Tikhon, l’archevêque Euloge fut élu membre du synode patriarcal.

Se trouvant à Kiev au Concile de l’Eglise d’Ukraine, le 4 décembre 1918, l’archevêque Euloge fut arrêté avec le métropolite Antoine (Khrapovitsky) par les séparatistes de Pétlioura, et après la victoire des Polonais, les deux hiérarques se retrouvèrent prisonniers des nouveaux maîtres. Ce n’est que neuf mois plus tard qu’ils furent libérés sur l’intervention de Clémenceau. En août 1919, ils gagnèrent la région du Kouban, chez le général Dénikine, en passant par la Bessarabie et Constantinople.

C’est en 1921 que Mgr Euloge reçoit du patriarche Tikhon un décret, daté du 8 avril, le nommant à la tête des paroisses orthodoxes russes en Europe occidentale avec les droits et prérogatives d’évêque diocésain. Il reçoit également une lettre du métropolite Benjamin de Petrograd, lui confirmant qu’il lui transmet sa juridiction sur les paroisses qui, jusqu’à présent, dépendaient du métropolite de Saint-Pétersbourg (devenu ensuite Petrograd). Ces actes du saint patriarche Tikhon et du saint métropolite Benjamin fondent la canonicité de l’œuvre ecclésiale du métropolite Euloge en Europe occidentale. En janvier 1922, par décret patriarcal, Mgr Euloge est élevé à la dignité de métropolite.

En automne 1922, le métropolite Euloge s’installa à Paris et se mit à organiser l’administration diocésaine. Pour former les prêtres dont l’émigration russe avait besoin, fut fondée, en 1925, à l’initiative du métropolite Euloge, l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, à Paris, où furent invités pour enseigner d’éminents savants de l’émigration russe, théologiens, historiens, philosophes. Le métropolite Euloge en fut le premier recteur.

Monseigneur Euloge à Saint-Serge en 1930

En 1934, le métropolite Euloge se rendit en Serbie au chevet du métropolite Antoine vacillant, dans l’espoir d’une réconciliation. Cette réconciliation eut bien lieu, mais n’interrompit pas les intrigues du synode de Karlovci, notamment en Allemagne.

A partir de 1939, le métropolite Euloge vit ses forces décliner. Il souffrait surtout d’une surdité progressive. Pendant la guerre, qu’il passa à Paris, coupé de plus de la moitié des paroisses de son diocèse, Mgr Euloge suivit les événements avec attention et se passionna pour les succès et les échecs de l’armée soviétique. Comme de nombreux d’émigrés russes à l’époque, il fut irrésistiblement attiré par son pays d’origine après la guerre. Cela le conduisit à engager des négociations avec le nouveau patriarche de Moscou, Alexis I, tout récemment élu. Une délégation du patriarcat de Moscou vint à Paris, conduite par le métropolite Nicolas de Kroutitsy. Le 2 septembre 1945, le métropolite Euloge concélébra avec les métropolites Nicolas et Séraphim (Loukianov), l’ancien représentant du synode de Karlovci en France, en la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, à Paris

Actualités françaises : célébration du 02 Septembre 1945 en la cathédrale Saint Alexandre Nevsky

Cependant, la plupart des membres du clergé et des laïcs ne partageaient pas ce penchant pour le retour au Patriarcat de Moscou de leur primat vieillissant, à commencer par l’archevêque Vladimir, évêque auxiliaire à Nice depuis 1925, qu’à la fin de la guerre le métropolite Euloge avait fait venir à Paris pour le seconder et diriger le diocèse durant sa maladie. Ils l’exprimèrent publiquement dès l’assemblée pastorale, réunie le 29 août 1945, à Paris. Dans les mois qui suivirent, le métropolite Euloge s’interrogea ouvertement sur le bien-fondé de sa démarche, d’autant plus que le patriarcat de Moscou prenait des décisions sans le consulter et que le patriarche de Constantinople tardait à donner son accord au retour dans la juridiction de Moscou.

Le métropolite Euloge mourut le 8 août 1946, dans son petit logement de la rue Daru auprès de sa cathédrale. Ses funérailles eurent lieu le 12 août, sous la présidence du métropolite Grégoire (Tchoukov) de Léningrad. Deux jours plus tôt le métropolite Grégoire de Thyatire, exarque du patriarche œcuménique en Europe occidentale, était venu prier devant son cercueil. Le métropolite Euloge a été inhumé dans la crypte de l’église de la Dormition, auprès du cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), église dont il avait présidé la consécration, quelques années plus tôt, en 1939.